
Face à l’augmentation inquiétante de la criminalité dans la ville de Lubumbashi, la deuxième plus grande ville de la République Démocratique du Congo, le gouverneur de province du Haut-Katanga, Jacques Kyabula, a décidé d’instaurer un couvre-feu dans la ville. Cette décision, prise dans un contexte de tensions sociales et de violence urbaine, vise à rétablir l’ordre et la sécurité pour les habitants de la capitale provinciale.
Ces dernières semaines, Lubumbashi a été secouée par une recrudescence de faits de violence, entre autres cambriolages, attaques à main armée, et meurtres, notamment le meurtre de notre confrère Patrick Adonis Numbi. Les habitants de la ville, jusque-là relativement tranquilles, se sont inquiétés de cette montée en puissance de l’insécurité qui perturbe leur quotidien et menace la stabilité de la ville. Face à cette situation préoccupante, le gouverneur Jacques Kyabula a jugé nécessaire de prendre des mesures radicales pour endiguer ce fléau.
Le couvre-feu, instauré de minuit à 5 heures, interdit à toute personne non autorisée de circuler dans la ville pendant ces heures. Les forces de l’ordre ont été mobilisées pour veiller au respect de cette décision, avec des contrôles renforcés dans les rues de Lubumbashi. Le gouverneur a précisé que cette mesure ne vise pas à restreindre les libertés individuelles, mais qu’elle est nécessaire pour protéger la population contre les actes criminels de plus en plus fréquents.
Dans sa lettre n°10/00032/CAB/GP/HAUTKATANGA/2024 du 15 janvier 2025 adressée à monsieur le vice-premier ministre, ministre de l’Intérieur, sécurité et affaires coutumières, Jacques Kyabula a insisté sur le fait que l’objectif principal de cette décision est de garantir la sécurité des citoyens.
Dans son discours tenu lors de la marche de soutien aux FARDC, le gouverneur a fait part de son engagement à mettre fin à cette montée de criminalité alimentée par des officines obscures.
” Le bien-être de nos citoyens est ma priorité, et je ne ménagerai aucun effort pour préserver la paix et la tranquillité à Lubumbashi. La criminalité grandissante met en péril la vie de nos concitoyens et le développement de notre ville, c’est pourquoi nous devons agir avec fermeté », a déclaré Jacques Kyabula .
Il a également souligné la nécessité de renforcer les patrouilles de police et d’autres corps de sécurité, afin de garantir une mise en œuvre efficace du couvre-feu. Le gouverneur a précisé que des sanctions sévères seraient prises à l’encontre des contrevenants, afin de dissuader toute personne tentée de défier cette nouvelle règle.
La décision d’instaurer un couvre-feu a suscité des réactions partagées au sein de la population de Lubumbashi. Si certains habitants se sont montrés favorables à cette mesure, estimant qu’elle était nécessaire pour leur sécurité, d’autres ont exprimé des préoccupations concernant les effets collatéraux d’une telle restriction.
Pour certains, la mesure est perçue comme une réponse forte aux dérives de la criminalité, mais il existe également des craintes quant à l’impact sur les activités économiques et sociales de la ville. De nombreuses personnes craignent que cette mesure ne pénalise davantage les petites entreprises qui dépendent des horaires nocturnes ou les travailleurs dont les horaires s’étendent tard dans la soirée.
Dans un communiqué de presse, JUSTICIA ASBL suggère plusieurs mesures de suivi et d’encadrement qui devraient être prises. Notamment ;
1. Lever l’équivoque sur l’heure du début de cette opération : 23 h 00 selon le meeting du gouverneur de province à la poste en date du 18 janvier 2025 et 24 h 00 selon la lettre du Gouverneur sus-évoquée ;
2. Préciser la date de la fin du couvre-feu qui ne doit pas s’éterniser ;
3. Mettre en place une commission de suivi et de contrôle chargée de recevoir les plaintes de la population pour les dérapages des éléments commis à cette opération ;
4. Rendre disponible un numéro vert ;
5. Mettre en place une équipe mobile de surveillance des patrouilleurs. 6. Ne pas monnayer les autorisations de déplacement aux heures tardives pour les travailleurs de nuit et autres catégories
Si le couvre-feu est une mesure immédiate pour répondre à la situation de crise, il est nécessaire que le gouvernement provincial prenne des mesures à long terme pour traiter les causes profondes de la criminalité. L’amélioration de la sécurité publique, la création d’emplois pour les jeunes, ainsi que la réhabilitation des infrastructures dégradées sont des priorités pour le gouvernement provincial.
Des consultations avec différentes parties prenantes, y compris les leaders communautaires, les entreprises locales, et les forces de l’ordre, devraient être organisées pour mettre en place une stratégie globale de lutte contre la criminalité. Ces efforts visent à restaurer un climat de confiance et de sérénité à Lubumbashi, tout en réduisant les causes sociales et économiques de la délinquance.
La rédaction.