L’armée rwandaise prête à envahir la RDC et à soutenir les rebelles pour prendre Goma
De nombreuses troupes rwandaises ont franchi la frontière pour pénétrer en République Démocratique du Congo (RDC) afin de soutenir les rebelles dans leur offensive pour capturer la capitale régionale de Goma, avant une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU prévue dimanche, ont averti des sources de renseignement.
Les soldats des Forces de défense du Rwanda (RDF) auraient discrètement traversé la frontière ces derniers jours pour appuyer une offensive rapide de la milice M23.
Des responsables ayant souhaité garder l’anonymat ont révélé au journal The Observer que les RDF ont intensifié leur pression sur la ville de Goma en massant des troupes juste de l’autre côté de la frontière, à quelques centaines de mètres du centre-ville.
Les hauts responsables des RDF seraient pour la plupart déployés dans la ville de Gisenyi, au Rwanda, à moins d’un kilomètre de Goma.
“Les troupes rwandaises sont alignées à la frontière, prêtes à envahir”, a déclaré une source bien informée, disposant de renseignements en temps réel.
Des affrontements violents ont eu lieu toute la journée de samedi entre les unités de la M23 et l’armée congolaise aux abords de Goma. Treize casques bleus de l’ONU ont été tués lors des combats, dont neuf Sud-Africains, trois Malawites et un Uruguayen, tandis que quatre autres ont été blessés.
Les combats semblent se rapprocher de plus en plus des limites de Goma, une source affirmant que les affrontements se déroulaient presque dans la ville, contournant les vastes camps de réfugiés qui abritent plus d’un million de déplacés.
Une offensive majeure lancée par la M23 et soutenue par le Rwanda a été empêchée durant la nuit, ont indiqué des sources de l’armée congolaise.
“Les défenses de Goma résistent encore, mais [le Rwanda] veut capturer la ville avant la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU”, a déclaré une source de renseignement de haut niveau, demandant l’anonymat.
Pendant ce temps, la RDC a rappelé ses diplomates du Rwanda et a exigé que le pays mette fin à ses activités diplomatiques et consulaires à Kinshasa dans les 48 heures, selon une lettre divulguée du ministère des Affaires étrangères à l’ambassade rwandaise.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a avancé la réunion d’urgence pour discuter de la crise, prévue dimanche.
Lors de la capture de Goma par la M23 en 2012, les forces rebelles s’étaient rapidement repliées sous la pression internationale exercée sur le Rwanda pour qu’il cesse son soutien à la milice. Cette fois, selon des sources de renseignement, le Rwanda cherche à prendre le contrôle de la ville avant toute réaction effective de l’Occident.
Avant l’afflux récent de troupes rwandaises, des experts de l’ONU estimaient qu’environ 4 000 membres des RDF étaient déjà présents en RDC.
Les sources avertissent également que le Rwanda pourrait ne pas s’arrêter à Goma et vise à capturer Bukavu, une ville située près de la frontière sud du lac Kivu.
L’insurrection de la M23, dans l’est minier de la RDC, a pris de l’ampleur cette année, avec une expansion de leur contrôle sur plusieurs territoires. La semaine dernière, ils ont pris Minova, une ville stratégique sur l’une des principales routes d’approvisionnement de Goma.
Deux jours plus tard, ils ont capturé Sake, située à 20 kilomètres de Goma, un ancien bastion de l’armée congolaise contre la M23. Ces avancées menacent l’approvisionnement en nourriture et en biens essentiels vers Goma.
Clémentine de Montjoye, de Human Rights Watch, a déclaré samedi à The Observer : “La situation est catastrophique. Aujourd’hui, nous recevons des informations sur des combats au nord et à l’ouest de la ville, ainsi que sur des pénuries d’eau et d’électricité dans la ville.”
“Étant donné le grand nombre de civils recherchant un abri à Goma, il est crucial d’exercer une pression sur toutes les parties pour protéger les civils et les infrastructures telles que les hôpitaux, et permettre l’accès à l’aide humanitaire.”
De nombreux analystes critiquent la réponse de l’Occident à la crise, soulignant notamment l’incapacité à contraindre le président rwandais, Paul Kagame. Le Royaume-Uni, les États-Unis et la France – trois membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU – sont accusés d’être trop proches de Kagame.
Dans une déclaration samedi, l’UE a exigé : “Le Rwanda doit cesser son soutien à la M23 et se retirer.”
Le gouvernement rwandais nie soutenir la M23.