Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche aura des répercussions sur la politique américaine vis-à-vis de l’Afrique, y compris la République Démocratique du Congo . Bien que son mandat précédent ait été marqué par des positions unilatérales et une politique étrangère pragmatique et transactionnelle, ce second mandat pourrait continuer ou modifier certaines dynamiques, selon ses priorités géopolitiques et économiques. Voici une analyse des perspectives pour la RDC et l’Afrique en général.
Lors de son mandat précédent, Donald Trump a pris des mesures visant à réduire l’engagement multilatéral des États-Unis. Cela s’est notamment traduit par un retrait de l’accord de Paris sur le climat, la diminution de l’aide étrangère, et un désintérêt général pour les grandes institutions internationales. Avec le retour de Trump au pouvoir, il pourrait à nouveau privilégier une approche « America First », réduisant l’aide au développement destinée à l’Afrique, y compris à la RDC, tout en favorisant des initiatives bilatérales. La RDC pourrait voir une diminution de l’aide au secteur de la santé, de l’éducation et de la gouvernance, ce qui aurait un impact négatif sur le développement.
La RDC possède des ressources naturelles stratégiques, notamment le cobalt et d’autres minerais essentiels à l’industrie technologique mondiale. Trump pourrait adopter une politique plus pragmatique et orientée vers les affaires, cherchant à sécuriser ces ressources à travers des accords commerciaux bilatéraux. Le secteur minier congolais pourrait bénéficier de nouvelles opportunités d’investissements américains, à condition que cela serve les intérêts économiques des États-Unis. Cependant, cette approche pourrait aussi engendrer des tensions liées aux droits humains et à l’exploitation des travailleurs locaux, comme cela a été observé lors du mandat précédent.
Pour Colette Braeckman, journaliste au quotidien belge Le Soir, le retour de Donald Trump pourrait marquer un tournant, bien que la politique américaine à l’égard de l’Afrique ait historiquement été constante.
« Je crois que pendant longtemps, la politique américaine à l’égard de l’Afrique a été ce qu’on appelle bipartisane, c’est-à-dire qu’elle était la même, que l’on soit démocrate ou républicain. Je crois cependant que le phénomène de Donald Trump, la personnalité de Donald Trump, est différente », disait la journaliste lors de l’émission Regards sur l’actualité de la semaine à Radio Okapi.
La journaliste belge, spécialiste de la région des Grands Lacs, souligne l’intérêt croissant des États-Unis pour les ressources naturelles congolaises. Cet intérêt se manifeste notamment par leur implication dans le développement du corridor ferroviaire de Lobito, en Angola, un axe stratégique pour l’exportation du cobalt et du cuivre de la RDC vers les États-Unis.
Trump a intensifié la compétition géopolitique avec la Chine, notamment en Afrique, où la Chine a considérablement accru sa présence à travers des investissements dans les infrastructures et des prêts. Il pourrait adopter une posture plus agressive pour contrer l’influence chinoise en Afrique. Cela pourrait se traduire par un soutien accru aux pays africains comme la RDC pour divers projets de développement, mais dans un cadre plus compétitif vis-à-vis de Pékin. La RDC pourrait ainsi bénéficier d’une rivalité accrue entre les puissances mondiales, à condition de choisir ses partenaires avec discernement.
La politique de Trump en Afrique a parfois privilégié une approche plus militariste et centrée sur la lutte contre le terrorisme. Cela pourrait se traduire par une aide accrue à l’armée congolaise ou un soutien à des opérations de maintien de la paix, dans le but de renforcer la stabilité régionale. Cependant, cela pourrait aussi engendrer des risques de violation des droits de l’homme si les priorités ne sont pas équilibrées avec des mesures de gouvernance et de respect des libertés individuelles.
Sous Trump, les relations avec les acteurs de la société civile, notamment les ONG et les défenseurs des droits humains, ont souvent été tendues. Avec son retour à la Maison Blanche, il pourrait accorder moins de poids aux questions de droits humains en Afrique, y compris en RDC. Cela pourrait se traduire par une politique plus orientée vers les résultats économiques et la stabilité politique, au détriment de la promotion de la démocratie et des droits civiques.
Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche offrira une approche plus transactionnelle et moins multilatérale envers l’Afrique, y compris la RDC. Alors que certains secteurs, comme les investissements dans les ressources naturelles, pourraient en bénéficier.la réduction de l’aide au développement et la priorisation des intérêts économiques américains risqueraient de limiter les opportunités de coopération sur des questions plus larges, comme la gouvernance et les droits humains. Les dirigeants africains, y compris ceux de la RDC, devront probablement naviguer entre les intérêts géopolitiques des grandes puissances, tout en cherchant à maximiser les bénéfices pour leurs propres populations.